L’Union des Comores représentée par l’Agence Nationale de Développement du Numérique (ANADEN) a pris part à l’Assemblée Mondiale sur la Gouvernance mondiale de l’Intelligence Artificielle à Riyad

11 Juin 2024

L’Union des Comores représentée par l’Agence Nationale de Développement du Numérique (ANADEN) a pris part à l’Assemblée Mondiale sur la Gouvernance mondiale de l’Intelligence Artificielle à Riyad

Le 15 mai 2024, l’Autorité Saoudienne des Données et de l’Intelligence Artificielle (SDAIA), en partenariat avec l’Organisation du Monde Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ICESCO) et le Comité Consultatif sur l’Intelligence Artificielle de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en présence de hauts responsables, experts et chercheurs venus des quatre coins du monde, a organisé dans la capitale saoudienne, l’Assemblée Mondiale sur la Gouvernance de l’Intelligence Artificielle (GIAN).

L’intelligence artificielle pour le compte de l’humanité (l’IA inclusive)

L’objectif de ce sommet consistait tout d’abord à faire une sensibilisation mondiale sur l’impact de l’IA, de sa présence et de ses incidences dans la vie quotidienne ainsi que les précautions qui sont à prendre pour les Etats et l’ensemble des usagers, pour une meilleure gouvernance de cette technologie afin d’en tirer le meilleur tout assurant un bénéfice inclusif pour l’humanité. Clairement, le résultat cible et que l’IA bénéficie à l’humanité toute entière et surtout qu’elle ne reste pas l’apanage de pays développés et d’entreprises puissantes.

En effet, l’IA regorge un vrai potentiel capable d’accompagner l’humanité sur plusieurs domaines (recherche dans le domaine de la santé, l’environnement, l’accès à l’éducation, la pénurie de la main-d’œuvre…), mais il ne faut pas mettre de côté les dangers qu’elle représente. Comme le souligne clairement le rapport intérimaire du Conseil Consultatif sur l’Intelligence Artificielle de l’ONU : « l’automatisation de la prise de décision pourrait brouiller la chaîne de responsabilité hiérarchique […], et la désinformation renforcée par l’IA menace le processus même qui régit leur élection. La vitesse, l’autonomie et l’opacité de ces systèmes remettent en question les modèles traditionnels de réglementation, alors même que des systèmes toujours plus puissants sont développés, déployés et utilisés. »

L’intelligence artificielle et le marché de l’emploi

Aussi, durant le sommet, la question de l’influence de l’IA sur le marché du travail a été largement abordée. Le constat réalisé pointe sur des prévisions qui présagent selon le Dr Salim M. AlMalik Directeur Général de l’ICESCO, la disparition de quatre-vingt-cinq (85) millions avec l’apparition de quatre-dix-sept (97) millions de nouveaux emplois, entraînant ainsi un progrès de douze (12) millions d’emplois d’ici 2025. L’humanité doit donc se préparer pour mieux appréhender cette nouvelle aire et faire le nécessaire pour ne laisser personne de côté et que les politiques et stratégies de formations des Etats prennent en compte cette nouvelle réalité.

La difficulté de réguler l’intelligence artificielle

A travers les différentes sessions, les intervenants et l’assistance ont insisté sur certains points importants qui peuvent aider à maitriser l’IA et d’assurer aussi sa meilleure gouvernance au niveau mondial. Au niveau de l’éducation, il est utile pour les Etats de mettre en place des programmes de formation en IA et de renforcer la formation de base. Pour ce qui est de l’inclusivité, il est indiqué que l’accès doit être pris en charge par l’écosystème composé du gouvernement, du secteur privé et de la société civile, qui doivent travailler en synergie pour assurer un meilleur accès. En ce qui concerne la régulation, il faut noter que les Etats doivent développer certes des cadres juridiques pour réguler l’IA. En revanche, il faut aussi garder à l’esprit que les législateurs ne peuvent pas parvenir à des cadres suffisants pour encadrer une telle technologie dont le développement semble n’avoir aujourd’hui aucune limite.

Les Etats doivent réfléchir davantage à des méthodologies et développer des cultures de compréhension pour les usagers car la contrainte ne pourra pas aider. Pour cela, il faut parvenir à un accord mondial car l’IA affecte l’humanité et il est nécessaire de trouver un moyen pour la gouverner et éviter de dépasser les lignes rouges. C’est dans cette ordre d’idée que M. Mohamed Hedi Shili, Directeur du Département des Affaires juridiques et des Normes internationales de l’ICESCO, a partagé les principes éthiques des systèmes d’intelligence artificielle en mettant l’accent sur le monde islamique, et a mis l’accent sur la nécessité de développer des politiques et législations dans ce domaine, que l’Organisation s’efforcera de mettre en évidence dans la Charte pour l’intelligence artificielle.

L’approche internationale pour une gouvernance mondiale de l’IA

Il faut noter qu’au niveau international, l’Organisation des Nations Unies a déjà enclenché un processus en mettant en place un organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle dont le mandat consiste à analyser la gouvernance internationale de l’intelligence artificielle et formuler des recommandations. Dans le cadre de ce mandat et suivant le rapport intérimaire qu’il a déjà établi en 2023, l’organe se demande non seulement « comment gouverner l’IA aujourd’hui, mais aussi comment préparer les institutions de gouvernance à un environnement dans lequel le rythme des changements ne fera que s’accélérer. La gouvernance de l’IA doit donc à la fois tenir compte des qualités de la technologie elle-même (c’est-à-dire être agile, en réseau et flexible) et de l’évolution rapide de ses utilisations, et être responsabilisante et inclusive, au bénéfice de toute l’humanité ».  

L’organe consultatif a déjà établi un rapport intérimaire depuis décembre 2023 et attend avec intérêt de procéder à une large consultation sur les prochaines étapes afin que davantage de voix et d’opinion soient prises en compte et que l’IA serve le bien commun. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le sommet de Riyad a été organisé et d’autres consultations viendront par la suite.

Ce sommet fut aussi l’occasion pour l’ICESCO d’informer aux participants son approche par rapport à la gouvernance de l’IA. Le Dr Kais Hammami, Directeur du Centre de Prospective et d’Intelligence Artificielle de l’Organisation, a présenté l’approche participative dans l’élaboration de la Charte du monde islamique pour l’intelligence artificielle. Il a mis en évidence les variables futures susceptibles d’influencer les systèmes d’intelligence artificielle et les risques qui y sont associés. Ce fut l’occasion pour l’Organisation d’informer à travers son Directeur Général du lancement officiel des premiers résultats de la Charte du monde islamique pour l’Intelligence artificielle élaborée par l’ICESCO, qui aura lieu lors du troisième Sommet mondial sur l’intelligence artificielle prévu par la SDAIA en septembre prochain.

L’IA n’est aujourd’hui qu’à ses premiers balbutiements en Union des Comores. La participation à cet évènement permet à l’Etat de s’inscrire déjà dans la réflexion mondiale sur la problématique de la gouvernance de cette technologie ainsi qu’à l’instauration du principe de l’IA globale et inclusive. Cette participation permet aussi à l’Agence en charge du développement du numérique de mieux cerner et appréhender la problématique de l’IA et de parvenir à jouer aussi son rôle de conseil auprès du gouvernement sur les mesures et stratégies à envisager pour mieux gouverner cette technologie au niveau national et sa contribution dans le concert des nations.

Pour la participation des Comores dans cet événement mondial structurant, le Directeur Général de l’ANADEN Monsieur Chamsoudini MZAOUIYANI, a délégué OUSSOUFA Abdou El Madjid, Directeur Général Adjoint pour représenter l’Institution.